« Il est temps que l’école se remette en question. On peut aller encore un peu plus loin » : www.moseronline.ch
2012
Moser virtuelle
« Il subsiste une question encore plus fondamentale. Paul, 18 ans, est venu me trouver récemment : M. Moser, m’a-t-il demandé, dois-je venir tous les jours à l’école ?
Je me posais la même question à son âge.
Evidemment, tous les directeurs d’école lui auraient rétorqué qu’il y était tenu.
Mais il m’a dit pourquoi il ne voulait pas.
Et je lui ai répondu qu’il n’était pas obligé.
C’est un élève assez incroyable. Un geek. Pas très bon en langues mais excellent en informatique. Dès qu’on avait un problème à l’école, on l’appelait. Un jour, on a décidé de former les enseignants à la recherche d’informations sur Internet. Il leur a donné un cours extraordinaire dont ils se souviennent tous. Une vraie passion.
Il m’a raconté que sa grand-mère l’avait chargé de lui créer une adresse e-mail afin qu’elle puisse dialoguer avec sa fille résidant aux Etats-Unis. « En fait, je lui ai créé un compte Skype et elle est sidérée. Elle voit sa fille, par le téléphone », m’explique-t-il. « Le problème est qu’elle en a parlé à toutes ses copines. Je n’arrête plus. Du coup, je songe à monter une boîte avec trois copains, où je donnerais des cours d’informatique à des personnes entre 60 et 80 ans. » « Tu peux même aller jusqu’à 50 ans, ai-je répliqué, dans quelques années, je ne serai plus dans le coup, non plus… Mais fais-le », ai-je insisté.
Néanmoins, pour que cela marche, il devait disposer de son mercredi et de son jeudi matin. Sur son horaire, étaient inscrits des cours de physique, de biologie et de chimie : « je peux les assumer seul, m’a-t-il assuré. Vous me connaissez, je suis super bon en sciences. Par contre, pour l’anglais, l’allemand, le français, je viens, je vous le promets. Dans le cas contraire, poursuivit-il, si je ne peux pas me libérer, ils ne me prendront pas dans la boîte alors que j’aurais eu l’idée de ces cours. »
Aujourd’hui, ce garçon a réussi sa maturité. Brillamment. Il est à l’EPFL, en informatique, et finance ses études grâce à sa société.
S’il existait des écoles sur le web qui permettent à certains, un peu différents des autres, de suivre des cours où ils le veulent, quand ils le veulent, et à leur rythme, à l’instar de Paul, toute une génération resterait dans le système scolaire et irait au bout de ses études. »