Entrée à l’Ecole en 1987 comme remplaçante d’allemand en maturité, Pia-Franziska Effront s’entend dire au bout de six mois par Henri Moser : « votre avenir est chez moi ».

1990

Sans rancune/ Keine harten Gefühle

Arrivé à Genève en 1939, Henri Moser, qui ne parlait même pas le Hochdeutsch, se fait traiter de « sale Boche ». Sans doute aiguillonné par l’épithète, il apprend très vite le français, se « souv[enant] encore des coups que la maîtresse [lui]  donnait sur la tête, avec sa bague, à chaque faute de français ». 

Plus visionnaire que vindicatif, il fonde l’Ecole bilingue de Genève, en partenariat avec le Feusi Schulzentrum de Berne. 

Enseignante depuis trois ans à l’Ecole, Pia-Franziska Effront se voit confier la direction de l’institution suivant ce cahier des charges formulé par Henri Moser : « Vous avez carte blanche. Mais une seule année pour réussir. » 

« Cela sous-entendait, confie-t-elle, ‘vous êtes condamnée au succès, sinon vous partez’. J’ai donc filé au Congrès National de l’ACPI – l’Association canadienne des professeurs d’immersion – afin d’apprendre les bases théoriques de l’apprentissage par immersion et de récupérer des outils de formation pour les professeurs.
A la rentrée, je me suis retrouvée jeune directrice avec, d’un côté, des parents super exigeants, des élèves totalement enthousiastes, deux enseignants, et de l’autre, aucune idée de la gestion administrative d’une école.
Heureusement, j’ai toujours pu compter sur M. Moser. Lors de notre rendez-vous hebdomadaire, je pouvais l’assaillir de questions, lui faire partager mes doutes, tout en lui communiquant nos résultats et la bonne ambiance qui régnait. »